Racisme : la tolérance progresse malgré les discours de haine


https://www.unsa.org/2824

La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a récemment publié son rapport annuel. Il confirme la progression de la tolérance selon une courbe continue depuis 2013 mais pointe en parallèle la persistance des discours de haine de l’autre.

La CNCDH a été désignée rapporteur national indépendant sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie en 1990. Elle a ainsi acquis une forte expérience pour évaluer ces phénomènes et en mesurer les tendances. Ses statistiques constituent un baromètre éclairant pour « comprendre les logiques sous-jacentes à l’apparition et à la permanence de certains préjugés ». Sur une échelle de 1 à 100, l’indice de tolérance s’établit donc à 64 en 2023, en recul de 2 points depuis l’an dernier mais néanmoins supérieur de 13 points par rapport à son niveau de 2013.

Parallèlement à ces données plutôt encourageantes, le rapport de la CNCDH constate que « le nombre de faits recensés à caractère raciste, antisémite et xénophobe se maintient à un niveau élevé ». Le président de la CNCDH Jean-Marie Burguburu le souligne lui-même en déplorant « un contexte marqué par la montée en puissance d’un discours identitaire aux relents xénophobes ». Le rapport fait explicitement référence à 2022, « une année électorale marquée par des discours prompts à faire de l’étranger, de l’immigré ou de leurs descendants la cause de tous les maux » notamment lorsque les idées racistes « sont endossées et légitimées par des responsables politiques et médiatiques  ».

Le président de la CNCDH pointe « les risques de toute essentialisation » et enjoint au « respect des droits fondamentaux, par essence universels, indivisibles et interdépendants ». Un rappel aux principes bienvenu tandis que les discours publics intègrent de manière croissante le concept de « race », pourtant disqualifié au sortir de la Seconde Guerre mondiale. On sait combien le vocabulaire mobilisé peut à lui seul légitimer des discours discriminants. Mais aussi les préjugés : c’est ainsi qu’au terme d’une enquête menée en novembre 2022, le rapport de la CNCDH observe une augmentation significative des personnes interrogées estimant que « de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale  » par rapport à une même étude réalisée six mois plus tôt. De la même manière, le rapport constate une hausse des personnes sondées qui jugent que «  l’immigration est la principale cause de l’insécurité  ».

Dans ce rapport, un éclairage est aussi proposé sur les discours de haine propagés par YouTube. Les enquêteurs reconnaissent le travail de modération pratiqué par les responsables de la plateforme mais relèvent néanmoins « leur grande importance quantitative  ». En dépit de la diversité des discours de haine (antisémitisme, haine antimusulmans, « masculinisme  »…), la CNCDH remarque qu’ils procèdent tous « d’un même imaginaire, d’une même logique rhétorique : le complotisme ». Parmi les recommandations formulées dans ce nouveau rapport, l’instance consultative suggère la mise en œuvre d’un plan national d’action sur la formation à la citoyenneté numérique « afin d’assurer l’effectivité de l’éducation à la citoyenneté numérique dans le cadre scolaire  ».

L'Unsa à votre service

UNSA
Actualités Céfu
TPE Retraités
Abo UNSA-Info
Les parutions de l'UNSA Voir-Écouter
Contact Transition écologique
UNSA-Boutique CES
UNSA-Conseils Vos Droits